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Читем онлайн Историки Французской революции - Варужан Арамаздович Погосян

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(il fut exilé à Alma Ata en septembre 1931 et ne revint à Leningrad qu’à la fin de 1932)[429]. Rappelons en outre que ces éminents historiens français ont été qualifiés par Loukine, à cause de leur intervention, de «professeurs les plus ré actionnaires de la Sorbonne [sic]»[430].

Publiant ce document en 1931 dans les Annales historiques de la Révolution française, Mathiez écrivait:

«Au début du mois de novembre dernier, mes collègues d’histoire moderne de la Sorbonne, réunis aux archivistes de la section moderne, et inquiets de la longue détention de M. Tarlé, ont signé la pétition suivante, qu’ils ont fait parvenir au gouvernement russe par l'intermédiaire de notre ministre des Affaires étrangères. Je crois utile d’en publier le texte aujourd’hui, afin d’attirer l’attention du monde historique tout entier sur le danger qui menace un des historiens qui font le plus d’honneur à la science russe»[431].

Il est ridicule de penser que les historiens marxistes soviétiques n’aient pas remarqué l’appui de Mathiez à Tarlé, leur «adversaire» qu’ils considéraient non seulement comme un «historien bourgeois», mais aussi un «contre révolutionnaire», un participant «au complot monarchique contre le pouvoir soviétique»[432], un «ennemi de classe sur le front historique»[433], etc. À mon sens, ce fut cette démarche de Mathiez, à laquelle ses opposants faisaient toujours allusion dans leurs articles publiés contre lui dans les revues soviétiques ainsi que dans leurs discours[434], qui est devenue la cause principale de cette polémique aigu‘ entre lui et les historiens soviétiques, dont les germes sont apparues en 1930, aprns la publication par Mathiez de l’article de l’historien soviétique Mikhad Bouchmakine dans les Annales historiques de la Révolution française[435]. Au début de cette polémique, Mathiez critiqua fortement le gouvernement soviétique, le qualifiant de «tyrannie»[436] et, par conséquent, néfaste pour la liberté et la démocratie. Mathiez, qui, d’aprns mes confrnres français, ne voyait plus, dns le mois de juillet 1922, les communistes comme «des hommes «libres», mais des hommes ayant une mentalité «d’esclaves», résultat des pratiques dictatoriales, instaurées par le Parti bolchevik en Russie»[437], constate résolument que la science soviétique était «au service du mensonge» [438].

Le 12 décembre 1930, Loukine et ses élèves, Rebeka Awerbuch, Victor Daline, Natalia Frei «berg, Solomon Kounisski, Serge «Monosov, Jakov Starosselski, I. Zavitnévitch adressèrent une lettre ouverte à Mathiez, en critiquant son changement d’attitude envers l’URSS et la science historique soviétique[439]. Cette lettre fut suivie d’articles très critiques de Loukine et de quelques-uns de ses élèves, remplis d’accusations politiques nullement justifiées, dont ils chargeaient sans cesse Mathiez[440]. Ces critiques mettaient en relation l’évolution de ses vues avec les succès de l’édification du socialisme en URSS, qui, ayant suscité de la haine dans les pays capitalistes, avait laissé, d’après eux, une empreinte négative sur la mentalité et la conduite de la petite bourgeoisie, dont ils n’hésitaient point à présenter Mathiez comme le «représentant typique»[441]. Notons en outre que celui-ci ne qualifiait pas le terme «petite bourgeoisie» de «très clair», en reprochant à ses opposants d’en avoir abusé[442]. Donc, les admirateurs d’hier de Mathiez l’accusèrent d’avoir adhéré au «chnur antisoviétique général», d’être passé dans le camp des ennemis de l’URSS et d’avoir rendu service à l’impérialisme français[443].

Au cours de cette polémique, qui n’était point scientifique[444], Mathiez, devenu la bête noire de ses collègues soviétiques, a entièrement réfuté toutes les accusations politiques portées contre lui. Il avait indubitablement raison d’avoir donné une appréciation exacte de la situation déplorable dans laquelle se trouvait alors la science historique soviétique, car il ne doutait plus que «la méthode de beaucoup d’historiens russes d’aujourd’hui […] consiste en un mot à subordonner la science historique, qui n’est que l’interprétation des textes, à un dogme a priori qui est un certain marxisme compris et pratiqué à la façon d’un catéchisme»[445]. «Le marxisme [écrivait-il dans sa réponse] n’est donc plus, pour vous, seulement une façon d’interroger les faits et les textes. Vous le confondez avec le communisme soviétique que vous glorifiez»[446]. D’ailleurs Yannick Bosc et Florence Gauthier ont le mérite d’avoir relevé les particularités de l’approche de Mathiez à l’égard de la méthodologie marxiste en général: «Mathiez ne rejette pas la méthode “marxiste’à mais refuse ses déformations dogmatiques, faisant montre d’un esprit indépendant, capable de penser par lui-mrme, sans l’aide d’autrui ni d’un parti politique, osant même affronter débats et polémiques, bref ce que l’on est en droit d’attendre d’un intellectuel digne de ce nom»[447]. Il n’est pas inutile de se référer aussi à Jean Dautry, qui a affirmé l’attitude respectueuse de son ma’tre à l’égard du marxisme: «Fervent d’une tradition démocrate et socialiste née de l’exemple révolutionnaire au début du XIXe sincle, il considérait le marxisme comme une intéressante “hypothnse de travail’à et déplorait de ne pas savoir le russe pour prendre connaissance directement de ce qui lui arrivait de Moscou»[448].

La critique de Mathiez était donc principalement dirigée contre la politisation de la science historique marxiste. En traitant les historiens soviétiques d’«instruments dans la main du gouvernement»[449], il qualifiait les participants soviétiques de cette polémique d’«historiens de Staline», de «prophètes» de Staline, leur dieu, privés de la possibilité de voir la vérité[450]. Or, ceux-ci, persuadés que le marxisme était «la seule méthode qui garantissait l’authenticité de l’étude scientifique des événements de la fin du XVIIIe sincle»[451], acceptèrent avec joie les appréciations de Mathiez, qui étaient même, d’aprns leur mentalité, plus que flatteuses. Donc, constatant le soi-disant «cas» politique et scientifique de Mathiez, Friedland lui a exprimé d’ailleurs sa gratitude pour ces jugements avancés, qui selon ses convictions n’étaient que des compliments: «En nous qualifiant “d’historiens staliniens’à [sic], il constate en vertu de cela, que nos études historiques servent la cause de la ligne générale du parti»1. Loukine partageait complntement sa position: «Notre science marxiste se trouve “au service’à du prolétariat et du

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