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De neige du sommet du sapin, des branches.
Il est calme, sa trace, rare – mais en une seconde,
Soudain, il saute! Et loin dans la prairie,
La course des chiens se perd. Les branches tombent,
Cassées par sa ramure quand il s’en fuit…
Oh, que dans la vallée, il est rapide!
Que sa course est leste! Qu’il est frais et fort!
En coup de vent comme une gaie bête sans brides,
Il emportait la beauté de la mort!
Le laboureur
Le ciel est bleu et pâle et la jachère
Est dans la brume. Et aux champs vaporeux
Que je laboure, les couches noires de la terre
Tombent aux sauvagerons comme un don de Dieu.
Sur le sillon où je vais vite derrière
Les socs, je laisse des traces. Et c’est si beau
De mettre sur le sillon de la terre
Mes pieds nus comme sur le velours très chaud!
Sur cette terre, je suis perdu comme en pleine
Mer bleu-lilas. Et très loin derrière moi
Où la maison est éclairée à peine,
La première chaleur coule au-dessus du toit.
Une idole
Dans la steppe infinie où l'herbe est morte
De la chaleur, le lointain est bleuâtre.
Là, c’est le crâne d’une jument jadis forte.
Ici, c’est une idole en pierre grisâtre.
Que ces traits semblent plats et indolents!
Que ce corps primitif semble le pire!
Debout, devant toi, j'ai peur… Craintivement,
Tu me regardes avec un petit sourire.
N'étais-tu pas le Jupiter tonnant,
Obscur démon sauvage âgé de mille
Ans? – Nous ne sommes pas créés par Dieu. Tant
D’eux sont créés par notre cœur servile.
Un gîte pour une nuit
Le monde est une forêt, refuge nocturne des oiseaux.
Brahmanes
À l'heure du soir au bois dans les ténèbres,
Quand le soleil s’éteint, chaud, dans les eaux,
Tombe vite sous le rideau de l'ombre verte
Et reste là, ce gîte est beau.
Et de bonne heure pleine de rosée blanche,
Agite des ailes dans les feuilles, fais-les bruire
Et disparais au ciel au-dessus des branches –
À la patrie, âme, va revenir!
Solitude
Il pleut et la brume dense s’étend
Au-dessus d'un désert d'eau sans rides.
La vie reste ici sans mouvement
En hiver, les jardins y sont vides.
Je suis seul. Il fait sombre devant
Mon chevalet, dehors souffle le vent…
Quand tu as été chez moi hier,
Tu t’ennuyais, c’était triste ici.
Tu m’as paru épouse, ma chère,
Ce soir après une journée de pluie.…
Je vivrai dans ce monde silencieux
Tout l’hiver sans femme et seul – adieu!
Aujourd'hui, de gros nuages s’en vont,
Les mêmes files y passent sans fin toujours.
Ta trace se perd près du perron,
Remplie d'eau de la pluie dans la cour.
Ça fait mal, à moi seul, de fixer
Au déclin du jour l'obscurité.
Je voudrais crier après elle:
"Mais tu es très chère pour moi! Attends !»
Pas de passé pour une femme. Elle
N’aime plus – je suis étranger maintenant.
Près du feu, je vais prendre du vin…
Il vaudrait mieux acheter un petit chien…
Le testament de Saadi
Comme un palmier, sois généreux! Mais si non, sois
Noble et très simple et сomme le tronc d’un cyprès droit.
Exécution
Le beau matin est tout en brume, en brume.
Tout est plus clair quand le soleil se lève
Au delà des forêts bleu foncé et lointaines,
Au delà des marais fumeux et des plaines…
Levez-vous, habitants de Pskov, debout!
La rosée tombe sur la poussière,
Sur le marché, sur les chaumières,
Sur les coupoles d’or, sur la place,
Sur mon échafaud au milieu…
Mouillez le fouet et aiguisez la hache!
Le beau soleil est tout en brume, en brume.
Tout rouge, il ne brille pas et ne chauffe guère
Au-dessus des forêts blanches, visibles à peine,
Au-dessus des marais en rosée, des plaines…
Criez encore plus fort, hérauts, partout!
– Va, mon gars, laisse-moi me laver
Et mettre mes bottes, le cafetan.
Conduis-moi, mets-moi sous la hache.
Fais d’un seul coup mais si non – gare !
Mes dents déchireront tous sans qu’on m’ arrache!
Parmi les étoiles
La nuit tombe. Le double flot, Voie lactée,
Blanchoie là-haut; les étoiles refroidissent
Le sable où, sous ce brouillard éclairé,
Je suis la caravane et où je glisse.
La Voie est transparente, comme en fumée.
Elle disparaît au-delà des montagnes
Du Jourdain; elle descend vers l'est voilé,
Aux autres étoiles, aux pays de cocagne.
Je glisse mais je continue à marcher
Derrière le chameau dont le corps balance,
Grand et noir, le fusil du chamelier.
La selle craque comme dе bois. En somnolence,
Le chamelier branle comme inanimé
Sa tête qui est comme d'étoiles parsemée.
Dans La Horde
Dans la steppe derrière la Volga,
Le large soleil rouge se noie dans les sables.
Avec le bébé endormi dans tes bras,
Tu sors de la tente étouffante, tu regardes
Le sang qui coule sur le miroir lisse des sels
Et le soleil qui, comme sur le plat, se couche;
La joie paisible où la chaleur sèche de la steppe se
mêle,
Te souffle au visage, aux seins brunis en sueur qu’elle
touche.
Le grand camp est tout derrière toi:
Les roues grincent, les chameaux rugissent sans se
taire;
Dans l'obscurité pourpre, monte la poussière,
Dans la fumée, les feux, s’allumant, flamboient.
Tu es fillette aux yeux calmes et au cœur tendre;
Assise sur le sable, vois-tu ton déstin,
Sais-tu que ce bébé endormi tenant ton tétin
Ce soir-là, peux-tu le comprendre,
Est ce Mogol que la terre n'oublie jamais?
Que moi aussi, Mère, est-ce que tu sais
Que, sans paradis, je lui chanterai la gloire —
Sans besoin de Christ, de Galilée, de ses lys des
champs?
On n’est pas humbles: Tamerlan,
Mamaï, Attila, moi non plus, car
Moi aussi, je suis digne d’eux quand
Je déchire la vieille Charte divine,
Ennuyé de mensonges, j’assassine,
Je viole, je détruis et je brûle les villes en les pillant…
Très loin dans la steppe, en tremblant,
Le mica du soleil se perd dans les sables.
Dans le ciel éteint, ennuyée, tu regardes;
Ayant soupiré doucement, tu baisses les yeux de
nouveau …
Dans la fraîcheur de la nuit bleue, des chariots
Se détachent en noir сomme des troupes de la garde.
Le premier rossignol
La lune luit et disparaît dans des nuages.
Des pommiers sont en fleurs blanches sans feuillage.
Il y a au ciel une claire houle bleue et tendre;
Autour de la lune, elle va se répandre.
Aux allées nues pleines de froid transparent,
Le rossignol claque pour se mettre au chant.
Dans une maison à la fenêtre sans feu,
Sous la lune, une jeune fille tresse les cheveux.
Pour elle, ce conte vernal est délicieux –
Raconté mille fois au monde, il est vieux.
Le muguet
Aux bois nus sous une brise fraîche,
Jeune, j’ai vu ta vive lumière…
Tu brillais dans des feuilles sèches –
Je faisais mon premier vers.
Ton odeur est devenue chère
Pour toujours à mon jeune cœur,
Je retiens sa pureté
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